
Le secteur de la coiffure, pilier de l’artisanat de proximité en France et dans lequel on compte également de nombreuses SAS et SASU, traverse une période de turbulences. Face à l’inflation et à la hausse des coûts de l’énergie, les professionnels établis se plaignent d’une concurrence jugée déloyale. L’ouverture de nombreux « barbers » sous le statut d’auto-entrepreneur, souvent sans diplôme français et pratiquant des prix très bas, est au cœur des tensions. Un député a récemment interpellé le Gouvernement sur cette situation, pointant du doigt un relâchement des contrôles et une réglementation européenne jugée trop laxiste.
Une réglementation stricte, mais des failles dans l’application
En réponse à cette question, le Gouvernement a réaffirmé sa volonté de protéger les coiffeurs et de faire respecter les règles en vigueur. Il a rappelé que l’activité de barbier est soumise aux mêmes exigences que celle de coiffeur. Pour exercer légalement en salon, un Brevet Professionnel (BP) est requis, ou à défaut, une expérience professionnelle de trois ans. Les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) sont mandatés pour effectuer des contrôles réguliers, notamment sur l’affichage des prix et la qualification professionnelle.
Cependant, la réponse ministérielle a également mis en lumière une division des responsabilités qui peut complexifier l’action. Le contrôle de l’emploi de personnes en situation irrégulière, par exemple, ne relève pas de la DGCCRF mais de l’inspection du travail et des forces de l’ordre. Une coordination est prévue via les Comités opérationnels départementaux anti-fraude (CODAF), mais l’efficacité de ces actions conjointes reste à démontrer. Le Gouvernement assure que de nombreux contrôles seront diligentés en 2025 pour une meilleure régulation du secteur.
Horaires et jours de repos : des règles et des dérogations
Un autre point soulevé par les professionnels concerne les horaires de travail, notamment l’ouverture tardive et le dimanche. Le Gouvernement a précisé que, si les salons n’ont pas de dérogation de plein droit pour le repos dominical, ils peuvent néanmoins employer des salariés le dimanche sous certaines conditions, par exemple avec une autorisation préfectorale. L’ouverture de l’établissement sans salarié est, elle, autorisée, à moins d’un arrêté préfectoral s’y opposant. Un manquement aux règles sur le repos hebdomadaire expose l’employeur à des sanctions pénales allant jusqu’à 15 000 euros en cas de récidive.
Une bataille pour la survie du métier
La réponse du Gouvernement se veut rassurante. Elle insiste sur l’engagement de l’État et la mobilisation des services pour lutter contre la fraude. Néanmoins, pour les coiffeurs qui subissent la situation au quotidien, la réponse peut paraître insuffisante. Le décalage entre le cadre législatif, a priori protecteur, et la réalité du terrain, où les pratiques illégales semblent se multiplier, est flagrant.
En définitive, le défi est double pour les pouvoirs publics : faire respecter une réglementation parfois complexe tout en s’adaptant aux nouvelles formes d’organisation du travail. L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de protéger les emplois et le savoir-faire de tout un secteur, mais aussi de garantir une concurrence juste et équitable.
Source : J.O. du questions écrites AN ; Question n° 9212 ; réponse du 2 septembre 2025.